L'Étrusque

L'Étrusque
Turms, l'immortel
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Auteur Mika Waltari
Pays Drapeau de la Finlande Finlande
Genre Roman historique
Version originale
Langue Finnois
Titre Turms, kuolematon
Version française
Éditeur Olivier Orban
Date de parution 1980
Nombre de pages 512
ISBN 2-85565-142-5
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L’Étrusque (sous-titré Turms, l'immortel ; titre original : Turms, Kuolematon[1]) est un roman finlandais de Mika Waltari publié en 1956, relatant les aventures d'un jeune homme, Turms. C'est une enquête historique et aussi une quête initiatique qui commence vers Ce roman raconte le développement spirituel de Turms, au cours de ses aventures de Grèce en Sicile, puis à Rome, et enfin en Étrurie qui est devenue ensuite la Toscane. Il y apprend par des révélations successives son immortalité puis ses devoirs envers l'avenir de son peuple.

Cet ouvrage contient de nombreux événements historiques, mais la façon dont Turms s’y mêle est fictive et romancée avec des éléments surnaturels et fantastiques.

Le récit

Au Ve siècle av. J.-C., Turms ne sait rien de son enfance. Il a été frappé par la foudre et il a mystérieusement survécu, choisi par les dieux et les déesses et protégé par son esprit tutélaire qu'il ignore encore. Il se doit d'accomplir une mission qu'il doit absolument découvrir. Il voyage à travers la Méditerranée en s'opposant tout d'abord aux Perses, tout en recherchant à la fois ses origines et son devenir. Il croise d’abord Doriéos un jeune spartiate qui rêve de guerres et de venger son héros de père. Puis ils embarquent avec Dyonisios qui est le capitaine d’une flotte de bateaux qui deviennent des pirates. Le médecin Mikon se joint à l’expédition qui les conduit contre vents et marées en Sicile, où il découvre la prêtresse d’Aphrodite, Arsinoë qui séduit tous les hommes et dont il tombe amoureux. Il l'enlève du temple pour en faire sa compagne jusqu'à Rome où il manque d’être tué. Turms découvre à la fin de ce périple héroïque et chaotique, les antiques cités sacrées étrusques ainsi que le pourquoi de sa vie errante et passionnée.

Historique, style et critique

Historique

Article détaillé : Mika Waltari.

Mika Waltari débute très tôt comme auteur. Après des poèmes, il publie à 17 ans La fuite devant Dieu. Son plus grand succès et roman historique est Sinouhé l'égyptien publié en français dès 1947 chez Gallimard puis réédité, qui lui vaut un renom international et qui est adapté en films. Son second roman historique L’Étrusque n'a pas le même succès, bien que traduit en français par Jean-Pierre Carasso et réédité successivement chez trois éditeurs différents[2],[3],[4], car il s'y ajoute des événements surnaturels et fantastiques qui surprennent ses lecteurs, alors qu'on en trouve seulement le côté fantastique chez Tolkien avec Le Seigneur des anneaux et chez Charles Duits avec Ptah Hotep puis Nefer. Le style est aussi dense en informations, aussi bien réaliste que sensoriel et surréel, ce qui fait que la lecture s'en trouve ralentie et plus longue par rapport à Sinouhé l'égyptien et ses autres romans.

La vie de Mika Waltari

Mika Waltari est un écrivain, journaliste et traducteur, qui a beaucoup voyagé depuis son voyage à Paris en 1927 et 1928, puis en Europe et au Moyen-Orient. Il va même jusqu'en Hongrie et Turquie[5]. Après des études de théologie pour répondre au vœu posthume de son père pasteur, il s'oriente vers la philosophie, l'esthétisme,la littérature et l'histoire. Au début de L’Étrusque, il se définit en tant qu'auteur[6] en disant « J'écris pour vaincre le temps et pour me connaître. Mais puis-je vaincre le temps ? Cela, je l'ignorerai toujours, car je ne puis savoir si les écrits effacés survivent néanmoins. Aussi me contenterai-je d'écrire pour me connaître ». Cette déclaration personnelle, pourrait tout aussi bien s'appliquer à l'odyssée de Turms, tel un anti-héros qui cherche désespérément à se connaître, au travers des difficultés et des plaisirs de la vie qu'il traverse et sans s'y attacher dans le temps.

Lecture du résumé du roman

Les nombreuses péripéties et renversements de situation de L’Étrusque demandent parfois un premier effort de lecture jusqu'à ce que l'on soit pris par l'intrigue et que l'on ne puisse plus la quitter. Ce roman singulier est cependant très structuré en dix livres qui sont chacun aussi répartis en chapitres. Voici un résumé de chacun de l'ensemble des livres pour une approche globale plus synthétique et temporelle des mystères cachés qui sont progressivement révélés. Pour la compréhension des résumés de ces dix livres qui sont eux-mêmes parfois très longs, l'introduction de sous-titres en facilitera la lecture. La seule lecture des sous-titres, et aussi des nombreuses citations, peuvent suffire à comprendre et à apprécier la structure littéraire ainsi que l'apport historique et stylistique de ce roman.

Carte et lieux

Les voyages de Turms l’Étrusque

Les aventures historiques et la quête de Turms se passent dans la mer Méditerranée antique, entre les années 520 et 480 av. J.-C., selon le titre de l'édition originale finlandaise. Les dix livres du roman permettent d'établir les différents lieux successifs de son épopée.

Turms est âgé de sept ans lorsque son père l'envoie à Sybaris d'où il doit fuir pour Milet. Puis après avoir brûlé, le temple de Cybèle à Sardes qui incendia après la ville, il s'enfuit à Éphèse et il est frappé par la foudre. Il repart à Delphes pour aller demander l'oracle de la Pythie et le pardon des prêtres d'Apollon. Revenu à Milet, puis à Ladé où il s'embarque. La flotte fuit les navires de guerre perse et part vers le sud. Ils abordent à Cos puis passent près de Rhodes en allant jusqu'aux côtes de Chypre. Leur périple maritime revient ensuite vers l'Italie et s’arrête au nord-ouest de la Sicile, où Turms et ses compagnons arrivent à Himère.

Leurs aventures tant maritimes que terrestres, se poursuivent ensuite en Sicile en passant plusieurs fois par Ségeste, Erix, Panorme, le pays des Sicanes, puis en revenant au port de Panorme. Ensuite, sur le bateau d'un marchand étrusque, Turms et les siens arrivent à Rome, puis en pays Étrusques, dont Turms visite les cités durant une année. Il repart ensuite avec la flotte étrusque et les carthaginois pour conquérir Panorme en Sicile, d'où ils doivent fuir après la bataille qu'ils perdent contre les grecs et leurs alliés de la garnison d'Erix. Les deux vaisseaux étrusques rescapés débarquent ensuite à Cumes en Italie où la Pythie embrasse Turms, puis repartent au nord jusqu'à Tarquinia en Étrurie. La quête de Turms, de ses origines et de sa destinée continue. Il revient à Rome où il doit être décapité, mais il est ensuite sauvé par la doyenne des vestales. Turms repart en pays étrusque, après avoir quitté Rome définitivement et aussi Arsinoé qui a épousé Tertius Valerius. Il découvre la tombe de son père, Lars Porsenna, qui fut roi de Clusium. Puis Turms est conduit à Volsinii pour reconnaître qu'il est un Lucumon immortel en participant au festin des dieux, avant de s'apprêter enfin à mourir après avoir terminé d'écrire son histoire.

Les personnages principaux

De gauche à droite : Turms au casque ailé et Λ, symbole de la valeur.

Les personnages principaux du roman ont des caractères complexes et changeants qui se révèlent au cours du temps. Turms n'est pas intéressé par l'argent ou le pouvoir et il cherche à se connaître lui-même au péril de sa vie. La grande prêtresse de la déesse d'Aphrodite à Erix, devient malgré elle Arsinoé son épouse, bien que souvent elle soit sous l'emprise amoureuse de Turms ce qu'elle ne s'explique pas. Elle est attirée par l'or, l'argent et le pouvoir qu'elle avait eu avant dans le temple à Erix, et elle séduit les hommes proches de Turms tout en lui mentant effrontément. Ses trois enfants successifs ne sont pas de Turms. Hiouls est le fils de Dorieos un grand guerrier spartiate héroïque qui est vaniteux de ses origines. Mismé est la fille de Mikon un médecin compétent mais lâche et qui aime se soûler. Son deuxième fils ensuite, fut celui du chef de guerre Coriolan, qui pour elle, fit ensuite quitter son armée qui assiégeait victorieusement Rome. Elle le déclara fils du patricien romain Tertius Valerius, vieux, très riche d'argent et de pouvoir, et qui était malade. Elle épousa ensuite le vieillard romain par vanité et sécurité en prétendant qu'il lui avait donné un fils. Ce fut aussi le prétexte pour Arsinoé de pouvoir enfin quitter Turms, qu'elle accusa d'infidélité avec Hanna qui lui avait donné un fils. Turms rencontra son fils et Hanna, saine et sauve et ayant échappé à l'esclavage et à la prostitution, à la fin du roman. Peu d'autres hommes gravitent encore autour de Turms et d'Arsinoé. Dionysios de Phocée est aussi l'un des premiers personnages principaux avec Dorieos et Mikon. Dionysios est le capitaine maritime incontesté, qui aime l'or et les trésors piratés, mais qui seul résiste aux charmes d'Arsinoé et à ses présents. Xénodote ensuite est un grec qui est devenu un espion du grand roi perse Darius Ier. Il n'arrive pas à séduire Turms chez les Sicanes, mais il est très riche et lui donne de l'or, et ensuite encore à Rome pour servir les ambitions d'extension de l'empire perse avec l'aide des étrusques et de Carthage. Deux autres étrusques ont des rôles importants dans le roman auprès de Turms. Le premier Lars Alsir à Himère lui offre des présents mystérieux comme l'hippocampe noir et le conseille pour revenir dans son pays et accomplir sa mission d'immortel. En Étrurie ensuite Lars Arnth le conseille politiquement, lui fait gagner une fortune aux dés, et finalement il gagne le combat rituel qui permet de désigner le meilleur des douze cités puis il épouse Mismé.

Les ancêtres morts comme le père de Dorieos qui descends lui-même d’Herakles, puis Lars Porsenna, le père de Turms qui retrouve son pays sur sa tombe, sont très présents dans le roman, ainsi que les oracles des Pythies, les lucumons immortels et les dieux éternels. Turms (qui est le dieu Mercure en latin et Hermès en grec) est lui-même un dieu étrusque éternel qui est le messager des dieux, le dispensateur de présents et le dieu des voyageurs. Il est aussi l'homonyme de Turms, le héros de l'histoire, qui découvre qu'il est un lucumon immortel. Puis, même si les déesses Artémis et Aphrodite s'affrontent entre elles et ramènent sur terre Turms par leurs charmes divins de la protection et de l'amour, le dieu Volumna le changeant lui donne aussi le pouvoir sur la mer, les vents et les éclairs, lorsqu'il entre en transe dans ses danses divines. Et puis, au cours du festin des dieux apparaît Turan, la déesse coiffée de murailles qui est voilée, qui réunit en elle les qualités complémentaires d'Artémis et d'Aphrodite. À la fin du festin des dieux, surgit encore un être immobile plus grand que les mortels et les dieux qui annonce la fin d'une ère, qui n'est autre sans doute que la fin de la civilisation étrusque. Car cette antique et libre civilisation paisible et joyeuse du pays étrusque est absorbée progressivement au cours du temps par les romains au sud et les celtes au nord, jusqu'à ce que l'Étrurie ancienne devienne la Toscane italienne. Cependant, le plus discret et le plus important de tous ces êtres, est l’esprit tutélaire de Turms, qui le guide et le protège depuis toujours, comme un témoin caché et silencieux de son évolution personnelle de conscience, et qui lui fait découvrir qu'il est d'abord un roi mortel puis enfin un Lucumon né immortel. Son esprit tutélaire qui règne et veille mystérieusement sur sa destinée, se révèle alors à lui et l'enveloppe de ses ailes à la fin de sa quête de mortalité, et avant qu'il ne se réincarne ensuite sur terre quand le temps sera venu.

Commentaire et bibliographie

Des publications ont été écrites sur les œuvres et la vie de Mika Waltari, mais peu semble-t-il à propos de son dernier livre historique l'Étrusque[7]. « Quelles peuvent être les sources de l’Étrusque ? », dès 1927, l'auteur vint à Paris[7], puis de 1930 à 1940, il voyagea beaucoup en Europe. Sa première source est le département des Étrusques du musée du Louvre[8] qu’il évoque en 1937[9]. À l’époque, on savait peu de choses sur les Étrusques et il a sans doute lu tout ce qu’il pouvait trouver sur le sujet.

Dans un premier court texte de ses Écrits, édité en 2005, le Pr finlandais Panu Rajala (fi)[10] a publié Le sentier Étrusque[11] sur l’inspiration et la préparation de Mika Waltari pour l’écriture ensuite de son épais roman l’Étrusque. Dans ce texte, il écrit d’abord qu’en , la Société Mika Waltari, a fait connaître ses œuvres dans les anciennes villes étrusques de Toscane et d’Ombrie. Dans ces cités, il y a des milliers de tertres funéraires étrusques et de peintures murales. Il a été rapporté ensuite que Mika Waltari s’est rendu à Orvieto (Volsinies était l'une des douze villes étrusques de la dodécapole étrusque). Il y fit alors un séjour d’un mois et demi, en se plongeant dans les musées et en visitant les lieux de sépultures. Il a été possible de retrouver l’hôtel Reale où il fut logé. Son ancien hôte s’est souvenu du passage de Mika Waltari à la fin de l’année 1954, deux ans avant la première édition de l'ouvrage. Le propriétaire de l’hôtel interrogé, s’est alors souvenu d’un écrivain rêveur qui avait l’impression de vivre dans un autre monde que d’autres clients[9].

Pour Panu Rajala – Turms, l’immortel, est le roman mystique de l’auteur, le thème principal de la possibilité de l’immortalité divine de l’homme[11].

Dix livres successifs composant « L’Étrusque »

Livre 1 : Delphes. (27 p.)
Quand Lars Turms, l'immortel, se souvient de sa vie
Hécate, aussi appelé The Night of Enitharmon's Joy, de William Blake (1795).

Moi, Lars Turms, l'immortel débute l'histoire par un retour à la fin de la vie de Turms, qui est devenu en Étrurie le Seigneur Turms, reconnu par ses pairs comme l'un des rares immortels quasi-divins qui règnent dans les villes sacrées. Lars Turms qui ne saurait rien posséder en réalité car immortel dans sa belle demeure, choisit un fragile vaisseau d'argile qui contient les cailloux de sa vie qu'il a ramassés au cours de chaque période importante. Puis il monte sur la montagne sacrée et découvre en haut le lieu où devra être creusée sa tombe dans la chair de la terre. Devenu vieux et usé par un long règne pacifique et bénéfique, il parle aux invisibles et redescend ensuite pour s'apprêter à mourir. Redescendu chez lui, il prend dans sa main un caillou noir et lisse extrait du vaisseau d'argile.

Sa première aventure au temple de Delphes

Ce premier caillou lui rappelle sa première aventure au temple de Delphes « pour écrire comment me vint mon premier pressentiment de ce que je suis en réalité, plutôt que de ce que je m'étais jusqu'alors contenté de croire que j'étais »[6]. Dans sa première aventure, il gravit la colline de Delphes pour se rendre au temple d'Apollon, il appelle et danse la tempête. Puis il rencontre Dorieos le spartiate qui sera son premier compagnon. Il vient ensuite s'accuser devant les vieux prêtres sacrés et la pythie, d'avoir mis le feu au temple de la déesse Asiatique Cybèle honorée par les Perses et qu'involontairement, ce feu s'est propagé et a incendié toute la ville de Sardes. Les Perses voudront ensuite se venger et en représailles détruire les temples et les cités grecques. La pythie de Delphes arrive et il la voit comme Artémis qui s'est opposée à Cybèle. La pythie le déclare innocent aux prêtres et entre en transe, puis les prêtres délibèrent et lui demandent qui il est. Il se dit orphelin et frappé par la foudre, il ne se souvient plus d'avant. Mais Turms n'est pas un nom Hellène et les quatre prêtres du temple lui demandèrent ensuite quelles sont ses origines ? Turms leur dit alors que pour le mettre à l'abri, à dix ans, on lui fit quitter Sybaris, en Italie, pour Milet. Mais quand Sybaris fut ensuite détruit et rasé par Crotone, les habitants de Milet se méfièrent de lui et le traitèrent si durement qu'il dut fuir jusqu'à Éphèse. Il s'adressa dans son sanctuaire pour demander protection à la déesse secourable Artémis d’Éphèse, qui lui apparut sous sa forme d'Hécate et lui promit qu'il ne manquerait jamais des richesses terrestres. Puis il fut frappé par la foudre. Après des présages d'Artemis, comme une plume blanche et un vol de colombes qui passaient dans le ciel, les prêtres ne le condamnèrent pas et lui dirent, ainsi qu'à Dorieos ensuite, « va vers l'ouest d'où tu es venu un jour. Ainsi a dit la pythie et ainsi te disons-nous ». Mais il décida du contraire et il partit vers l'est avec son ami spartiate, en disant « Je veux me prouver à moi-même que je ne peux échapper à mon destin ».

 
Livre 2 : Dionysios de Phocée. (23 p.)
Après sa rencontre avec Dioreos le spartiate

Turms et Diorieos sont devenus des guerriers accomplis en se battant contre les Perses. Quand ils arrivent à Milet, une ville grecque d'Ionie menacée par les Perses, ils décident d'aller sur l’îlot de Ladé où se tient la flotte qui doit protéger Milet. Ils trouvent le capitaine Dionysios de Phocée avec ses cinq galères et avec qui ils s'embarquent. Les Perses incendient le temple d'Apollon à Milet puis la ville et se préparent à la guerre maritime sanglante et impitoyable. La flotte de Ladé est vaincue par les bateaux phéniciens des Perses qui poursuivent vers le Nord les bateaux grecs.

En mer avec Dyonisios, il rencontre Mikon

Mais Dionysios a traversé la flotte des Perses et capturé une galère phénicienne avec son butin et sa flotte fuit vers le sud. Ils arrivent sur Cos, l'île des guérisseurs et au temple d'Esculape. Turms persuade Mikon de devenir le médecin des vaisseaux de Dionysios. Les galères passent près des côtes de l'île de Chypre où ils pillent les gros navires marchands. À Paphos, ils aperçoivent le temple d'Aphrodite qui est vénéré des marins… L'équipage demande alors à Turms d'invoquer le vent car il paraît protégé à la fois par Artémis et aussi par Aphrodite, la déesse de la mer née de l'écume qui s'oppose à Artémis. La transe s'empare de lui lorsqu'il commande au vent occidental de souffler et « Alors à l'orient la mer vira au jaune et une tempête nous jeta aux yeux en tourbillons la poussière des déserts lointains »[12].

 
Livre 3 : Himère. (45 p.)
Himère en Sicile

Après trois semaines de navigation éprouvante vers l'ouest, les trois bateaux de guerre de Dionysios arrivent en vue de la Sicile et décident de trouver une petite cité dans l'embouchure d'un fleuve. Mais le vaisseau phénicien et son butin s'échoue sur les rochers devant Himère dont les portes sont gardées. Après avoir raconté au vieux tyran d'Himère la bataille de Ladé et la prise de butin de la trirème phénicienne prise aux Perses, le tyran leur propose de garder leurs trésors dans ses caves. Ils acceptent en échange de l'hospitalité des habitants et les femmes d'Himère offrent asile aux marins et acceptent de les épouser, s'ils le veulent.

Rencontres dans la maison de Tanakil

Turms, Doriéos et Mikon partent plus à l'ouest de la ville et découvrent une très belle et vieille maison, où Tanakil la maîtresse, après des présages favorables, les accueillent, les hébergent, leur sert un festin et les enivrent, après qu'un concert de jeunes danseuses d'Himère leur soit offert et qu'elles se jettent ensuite dans leurs bras. Mikon succombe et doit ensuite épouser Aura, la jeune fille qu'il a séduite et comme l'exigent ses parents. Doriéos convole après avec Tanakil qui l'a charmé et qui se révèle fortunée ainsi que de noble naissance. Aura fait découvrir aux trois amis les lieux sacrés des bois et des sources.

L'étrange marchand étrusque Lars Alsir

Les Himériens proposent à Turms de rencontrer les taciturnes Tyrrhéniens que les autres peuples d'Italie appellent les Étrusques et qui partagent leur puissance maritime avec leurs alliés les Phéniciens de Carthage. C'est ainsi que Turms rencontre au marché étrusque qui lui est étrangement familier, Lars Alsir qui l'invite à boire avec lui et qui l'appelle Lars Turms qui cependant se dit grec, né de la foudre et qui fut protégé de la lapidation par Artémis. Lars Alsir lui parle de Turan, la déesse couronnée de murailles, qui tient dans sa main une feuille de lierre. Puis Turms entre en transe et à des visions de Turan dont le visage couvert d'un voile reste invisible.

La petite-fille du tyran d'Himère

Turms s'éprend ensuite de Knidippe, la jeune blonde aux cheveux d'or, qui est la petite fille du tyran d'Himère. Il lui vole un rapide baiser, puis lui offre un collier d'or qu'elle admirait ensuite chez l'étrusque Lars Altir. Doriéos propose alors à Turms et à Mikon d'aller vers l'est afin de se rendre à Erix (devenue Erice en Sicile par la suite), pour rendre hommage à la déesse Aphrodite, et ils partent sur la route vers la déesse d'Erix.

 
Livre 4 : La déesse d'Erix. (63 p.)
Groupe d'Aphrodite, Pan et Éros au musée national archéologique d'Athènes.
Vers le temple de la déesse Aphrodite

Les trois amis avec leurs compagnes partirent vers le temple de la déesse Aphrodite avec chacun une question personnelle à poser à la déesse qui préside à l’amour et aux mariages. Ils doivent auparavant traverser les forêts qui sont habitées par les barbares Sicanes qui sont les premiers habitants du centre de la Sicile et qui laissent seulement passer les pèlerins. Puis ils doivent passer par la ville de Ségeste où ils furent hébergés par les fils de Tanakil, fruits de son deuxième mariage. Les habitants de cette cité qui protège Erix avaient des mœurs grecques et les nobles organisaient des courses de meutes de chiens de race et de chevaux étalons, et se réjouissaient de combats de mercenaires et d’épreuves d’athlètes qu’ils avaient fait venir. Les voyageurs s’élancèrent ensuite à l’assaut du cône de la haute montagne lugubre entourée de nuages blancs et couronnée du temple vénéré dans toute la Méditerranée. Arrivés dans la petite cité d'Erix, Tanakil les conduisit tout près du temple et organisa les visites à la déesse avec les prêtres qu’elle connaissait bien. Elle leur rappela que grâce à eux puis aux oracles de la déesse, elle avait épousé puis mis en terre deux maris, c’est pourquoi elle espérait que la déesse lui donnerait encore une troisième apparition.

Quand Dorieos veut épouser Tanakil

Tanakil et Dorieos allèrent ensuite au temple pour y passer la nuit devant un piédestal vide, en espérant que la déesse se manifesterait à eux. Ils revinrent le lendemain matin en s’accrochant l’un à l’autre et ne regardant personne et dormirent jusqu'au soir. Puis Dorieos confia à Turms qu’après l’apparition d’Aphrodite, il avait l’intention d’épouser Tanakil qu’il appela la colombe d’Aphrodite et la plus belle femme du monde. Il dit encore que son père Dorieos, de la descendance d’Héraclès, était venu à Ségeste pour y devenir roi comme il en avait le droit, et qu’il fut tué et enterré avant. Son fils voulait retrouver et honorer sa tombe et devenir ensuite le roi de Ségeste.

Quand Mikon veut épouser Aura qui meurt

Mikon espéra ensuite voir la déesse avec Aura son épouse qui tombait en pâmoison lorsqu'il la touchait et qui l’avait rendu impuissant par ses assiduités répétées. Au matin, ils revinrent du temple, pâles comme la mort. La déesse leur était apparue et avait comblé ses vœux. Une simple apposition de ses mains suffirait ensuite à plonger Aura dans le silence et lui permettrait désormais de se consacrer aux questions surnaturelles. Devant Turms, il effleura ensuite à peine les seins d’Aura dont le regard se voila puis qui convulsa dans un délire érotique et elle retomba apaisée. Mikon proposa ensuite à Turms d’essayer comme lui de mettre en transe son épouse. Turms dit « Le résultat de cette malheureuse expérience dépassa toutes nos attentes… Une étincelle jaillit sur mon doigt et je sentis comme le claquement d’un fouet invisible sur mon bras. Un spasme souleva le corps d'Aura, le sang afflua sur son visage et elle retomba sur sa couche les membres convulsivement agités… Mais même morte elle montrait dans ses yeux voilés et dans le souvenir de ses lèvres entrouvertes les signes d’une déchirante extase »[13]. Ensuite, Tanakil fit enlever le corps de la morte et avec l’accord des prêtres, elle fut brûlée sur un bûcher de peuplier blanc, tandis que des jeunes filles dansaient autour du bûcher les danses de la déesse et chantait ses louanges.

Quand Turms rencontre la déesse d'Erix qu'il nomme Arsinoé

Mais ce ne fut que le début de l’histoire des tours d’Aphrodite envers Turms dont le moment était venu de s’apprêter pour la déesse. Le prêtre lui mit un baume cuisant sur le corps et il se frotta avec des herbes odorantes. Puis il fut revêtu d’un manteau de laine décorée de colombes et de feuilles de myrte, avant que d’entrer dans le temple où il s’endormit rapidement. Mais quelque chose se passa, il ouvrit les yeux et vit la déesse. Dans les ténèbres, Turms vit une femme voilée assise au bord du piédestal de la déesse. « Montre-moi ton visage » dit-il « - La déesse n’a pas de visage propre. Quel visage désires-tu voir, Turms, toi l’incendiaire du temple ? » Il eut plusieurs visions dont celle d’Artémis, mais une main mystérieuse se posa sur ses yeux et la déesse de la lune ne le tenait plus en son pouvoir. Il appela Aphrodite, la fille de l’écume qu’il avait connue avant Artémis, et qui lui dit « Reviens Turms, où es-tu ? » Il vit alors Kydippe qui était étendue sur le lit et qui lui sourit. Il l’étreignit et elle lui laissa faire selon son désir. Mais ses lèvres étaient froides et elle se couvrit les yeux, car Turms savait maintenant qu’il n’avait rien de commun avec elle… - « Voilà qui est très bien. Pourquoi ne pas t’en aller puisque tu as eu ce que tu voulais ? »« Qui est-tu ? » lui demanda Turms. Elle lui donna alors un baiser brûlant puis lui dit « Si tu connaissait mon nom tu me tiendrais en ton pouvoir… Je ne peux, ni ne dois me placer sous la domination d’un homme ». Turms lui répondit « Tu ne peux m’échapper. Dès maintenant je te donne un nouveau nom. Ce sera le tien et par lui tu seras à moi… Arsinoé »[14]. Dès cet instant, Turms séduit Arsinoé la mortelle qui prêtait son corps à la déesse et leur permettait de voir qui ils souhaitaient lorsqu'ils étaient dans le temple. Mais Arsinoé résista et demanda à Turms s'il serait capable de reconnaître son vrai visage d'Arsinoé en plein Jour ? Puis elle remit sa robe et ses bijoux de déesse et partit tandis que Turms rendormi fut réveillé ensuite par un prêtre qui lui demanda ce qu'il avait vécu.

Quand Arsinoé revoit Turms de jour et s'offre à lui

Turms raconta ensuite son aventure à Tanakil qui lui dit qu'elle était initiée à la déesse et qu'elle savait que les prêtres dirigeaient les alliances et les mariages à travers les entrevues de la déesse avec les pèlerins. C'est ainsi qu'elle avait pu séduire avant, ses deux maris puis Dorieos qui grâce à la déesse l'avait vue plus belle qu'Hélène de Troie. Elle lui dit encore qu'Arsinoé n'était qu'une esclave élevée à l'école de la déesse à Carthage et qu'elle avait été nommée ensuite à Erix au plus haut rang d'hétaïre sacrée d'Aphrodite, et qu'elle devait ainsi finir sa vie en séduisant tous les hommes endormis à ses pieds tout en suivant les instructions données par les prêtres. Turms lui demanda cependant de revoir le visage d'Arsinoé en plein jour, ce qu'elle accepta en souriant. Mais Arsinoé sous l'empire amoureux de Turms, s'offrit alors à lui avec son corps de mortelle. Une violente tempête s'éleva, balayant les arbres et la cité d'Erix, car Turms avait levé une tempête dans son corps pour étreindre Arsinoé. Il avait aussi suscité la colère des immortels comme Poséidon. Mais la déesse miséricordieuse les avait protégés des regards par un épais brouillard. Tanakil en terreur fit se revêtir Arsinoé et la traita de la pire des catins. Turms qui commandait aux esprits de l'air, gesticula alors la danse de la tempête dont il était le Seigneur, et qui semblait jaillir de son être, puis il dit à la tempête de se calmer et elle s'éloigna vers Ségeste ensuite. Le chaos dans Erix était réel et les blessés ainsi que des enfants en pleurs affluaient vers le temple. Tanakil dit qu’il leur fallait quitter Erix. « Oui » dit Turms « partons. Mais toi, Arsinoé, tu nous accompagneras. Tu mettras les vêtements d’Aura et tu imiteras son allure ». Arsinoé se récria qu’elle appartenait à la déesse et repartit.

Turms enlève Arsinoé dans le temple d'Aphrodite

Turms se réveilla dans la nuit et décida d’enlever Arsinoé dans le temple. Il escalada les murailles et entra dans la cour intérieure. Son esprit tutélaire lui apparut et lui dit « Pour être toi-même un immortel, il ne te manque que d’oser reconnaître ce que tu es… Oh Turms, ne te lie pas à des divinités terrestres, Aphrodite et Artémis ne sont que des esprits jaloux »[15]. Une porte grinça et un prêtre vint vers lui pour le menacer des gardes et lui demander ce qu’il voulait et qui il était. Il le mit à l’épreuve en lui disant de regarder dans la fontaine, puis de le suivre dans le temple. Le vieillard qui avait des pouvoirs puissants, fit surgir un gigantesque serpent, comme celui qui à Delphes gardait l'Omphalos, qui s’enroula autour de Turms pour l’enserrer tout entier et l'étouffer. Mais Turms éclata de rire et passant la main devant ses yeux, il fait disparaître le serpent. Turms lui dit qu’il allait enlever la prêtresse de la déesse qu’il avait appelée Arsinoé. Le vieillard vaincu, lui dit que la seule façon pour lui de l’enlever était de la prendre dans l’état de nudité où elle était venue au monde et que son nom était Istafra et non Arsinoé. Il le conduisit derrière le piédestal de la déesse jusque la chambre souterraine d’Arsinoé. Turms la recouvrit de son manteau et la fit sortir du temple comme il était venu, et ils revinrent sans un mot jusqu'à l’auberge. Elle se rebella contre lui ensuite, puis s’étonna de son amour pour Turms, qui alla ensuite en parler à Tanakil après avoir réveillé ses deux compagnons. Tanakil fit revêtir à Arsinoé les plus beaux atours d’Aura, puis ils sortirent d’Erix et ils reprirent la route des pèlerins vers Ségeste, et à la fin atteignirent Himère sans encombre.

 
Livre 5 : Voyage à Erix. (41 p.)
Quand revenus à Himère, Arsinoé séduit Mikon et Dorieos

Cinq ils étaient partis pour Erix, cinq ils revinrent sans problème à Himère. Arsinoé avait parfaitement pris l’apparence d’Aura. Mikon, dont les perceptions étaient brouillées par trop de dérèglements, continuait de la prendre pour son épouse décédée et Turms devait souvent lui interdire de prétendre exercer ses prérogatives conjugales. Ils apprirent que Milet avait été rasé par les Perses après que sa population fut massacrée et qu’ils menaçaient Athènes coupable de l’incendie de Sardes. C’est pourquoi le capitaine Dionysios proposa de repartir avec ses trois galères restantes et ses cent cinquante hommes à bord pour éviter d’être pris entre la flotte de Carthage et celle des Étrusques. Dorieos s’indigna et proposa de libérer Ségeste et tout le pays d’Erix dont il était le descendant par son père et son ancêtre Héraclès, et de débarrasser la Sicile des établissements carthaginois. Il dit encore qu’Arsinoé en tant que prêtresse d'Erix connaissait tous les passages secrets pour entrer dans la ville et dans le temple qui pourrait facilement être occupé ensuite. Turms se mit alors en fureur et demanda à Dorieos quand il avait eu le temps de parler de ces questions à Arsinoé derrière son dos ? Mikon déclara après qu'Arsinoé lui avaient accordé ses faveurs car il l'avait prise pour Aura et il s’en réjouit vivement. Dorieos frappa Mikon alors, puis il reconnut que lui-même avait commis l’acte de chair avec Arsinoé car ses charmes étaient irrésistibles. Répondant aux questions de Turms, Arsinoé reconnut qu’elle avait cédée parfois à Mikon pour lui faire plaisir, mais que Dioréos mentait à son sujet par prétention de héros et vanité personnelle. Arsinoé menaça Turms de retourner à Erix en lui disant qu’elle n’avait plus la force de combattre pour son amour pour lui. Turms se jeta à ses pieds et implora son pardon pour ses soupçons et ils s’aimèrent de nouveau en flottant dans un éblouissant nuage, et là où ils étaient, les choses de la terre comme le mensonge et la tromperie perdaient toute importance.

Quand les marins de Dyonysios sont coupables de piraterie

Dionysios interrogea ses marins à propos des marques qu’ils portaient sur l’épaule gauche. Ils lui dirent qu’un magicien leur avait imprimé cette marque sacrée pour les protéger de la bataille maritime future alors qu’ils allaient partir en mer avec leurs trésors récupérés des caves du tyran d’Himère. Dionysos leur dit que cette marque tatouée en bleu indigo était une reconnaissance de leur piraterie et quelle avait été mise par le magicien au service de Carthage qui avait ensuite disparu de la ville. Dionysios leur dit ensuite que Carthage punissait les pirates capturés et les écorchés vifs à partir de cette marque et qu’ils étaient sans doute découverts et menacés.

Quand Lars Alsir sauve les compagnons et les marins

Arsinoé revint du marché étrusque où elle avait acheté à crédit un chat pour Turms chez le marchand Lars Alsir qui lui avait aussi donné un hippocampe en or et pour Turms, en présent, un minuscule hippocampe sculpté dans une pierre noire. Le marchand étrusque avait aussi dit que Turms pourrait ensuite rembourser son crédit en rentrant dans son royaume et que rien ne pouvait lui arriver mais qu’il était encore lié à la terre. Et il avait ajouté que deux vaisseaux de guerre carthaginois étaient dissimulés à l’ouest d’Himère pour les capturer et qu’une flotte de guerre ensuite allait les poursuivre dans leur fuite. Un bûcher devait être allumé à Himère pour signaler leur fuite, et Lars Altir avait conseillé qu’ils devaient s’enfuir au plus vite. Les feux brûlaient déjà et Dyonisios envoya détruire le bûcher qui devait être allumé à l’extérieur de la ville pour signaler leur départ avec leurs trésors récupérés des caves du tyran d’Himère qui les avait vendus aux carthaginois avec qui il avait fait alliance.

Quand Dorieos est blessé par les archers carthaginois

Ils prirent alors la mer précipitamment et Dionysios demanda à Turms d’évoquer la tempête mais il en fut incapable car son amour pour Arsinoé l’avait lié à la terre. Ils se réfugièrent à l’ouest dans une embouchure de fleuve où ils tombèrent sur les deux navires carthaginois qui devaient les poursuivre en premier. Mais ils éperonnèrent les navires et leurs équipages se réfugièrent dans les bois. Subitement, Dorieos partit sur le rivage pour combatte les carthaginois et pour que les phocéens aient le temps de mettre le feu aux galères carthaginoises. Les hoplites et les archers carthaginois envoyèrent ensuite leurs flèches au spartiate protégé par son bouclier, puis qui défia le capitaine carthaginois qu’il tua et dont il arracha les anneaux d’or de ses oreilles et un lourd collier d’or à son effigie. Les archers sortis des bois finirent par atteindre Dorieos de leurs dards à la cuisse et il fut ensuite ramené blessé par Dyonisios à bord. Turms n’était pas venu défendre Dorieos sur le rivage et Arsinoé derrière lui était éperdue d’admiration pour le héros qu’elle compara au dieu de la guerre et qu’elle souhaita guérir d’un baiser de ses lèvres. Dorieos récupéra ses esprits et fut heureux d’entendre Arsinoé à qui il offrit les deux anneaux d’or et le lourd collier du capitaine carthaginois qu’il avait tué.

Quand Turms appelle la tempête en mer et ils reviennent en Sicile

Ils repartirent en mer pendant trois jours mais leur eau potable pua et beaucoup furent malades. Enfin une terre parue et ils purent se ravitailler en eau. Mais ils étaient entrés en territoire étrusque et bientôt une troupe de lanciers s’approcha d’eux et voulut les capturer en prévenant ensuite par des feux les galères étrusques qui protégeaient leur mer. Turms dit à Arsinoé qu’ils pourraient faire des signaux aux étrusques et la remettre entre leurs mains avant la bataille en leur disant qu’elle n’était qu’une prêtresse d’Erix, car ils craignaient les dieux. Mais elle refusa en lui disant qu’elle l’aimait et qu’elle attendait un enfant de lui. Turms se dit alors qu’il était libéré de la terre et qu’il devait protéger Arsinoé et son enfant. Il monta sur le pont et fit face aux quatre points cardinaux en appelant le vent. Dyonisios lui dit d’appeler un vent d’Est, mais Turms lui dit que les dieux décideraient de la direction et qu’il ne faisait par sa danse qu’invoquer la tempête. À l’aube du quatrième jour et après avoir réparés les gouvernails qui s’étaient cassés, un vent d’Est avait continué de souffler et le courant les conduisit vers le port de Panorme (devenu ensuite Palerme) qui était aux pieds de la montagne d’Erix. Dionysios fit remonter de la soute Dorieos qui avait été mis aux fers car il avait été pris de délire après son combat et ses blessures, et il ne se souvenait plus de rien, sauf d’avoir rencontré plusieurs fois Thétys, la déesse de la mer aux bras blancs qui l’avait aimé, soigné et guéri. Dorieos hurla qu’après être revenus à leur point de départ, ils allaient aborder et conquérir Panorme comme il l’avait prévu, et ensuite Ségeste puis Érix.

 
Livre 6 : Dorieos. (46 p.)
La conquête du port de Panorme

La surprise était grande pour un seul carthaginois de Panorme de reconnaître en la galère délabrée qui arrivait celle qui auparavant avait fui Himère. Ils éperonnèrent par surprise un gros navire de transport qui était sur la rive et les hommes de Phocée s’emparèrent du bateau, firent des prisonniers et mirent en fuite tous les autres équipages. Puis Dionysios fit ouvrir le vaste hangar où logeaient les esclaves qui déchargeaient les navires. Il y jeta les prisonniers et libéra les esclaves dont un grand nombre de Grecs qui le considérèrent comme leur sauveur et leur préparèrent un repas qui calma la faim de tous. La conquête de Panorme fut un complet succès. Dorieos demanda aux patriarches du grand Conseil de la cité de leur préparer un grand banquet. Il leur dit qu’il avait conclu un pacte éternel avec Thetis la déesse de la mer qu’il avait épousé, tout comme avant sur terre son épouse qui était une femme de haute naissance descendante des fondateurs de Carthage. Dionisyos après discussion accepta que la trière soit mise en cale sèche et fut ensuite réparée par le conseil de la cité, et il se rangea à l’avis de Dorieos que les 150 phocéens marcheraient vers Ségeste avec leur trésor. Les Sicanes sortirent des bois et leur chef vint danser devant Dorieos en lui disant qu’une prédiction leur avait annoncé un nouveau roi qu’ils appelaient Erkel et qui chasserait les habitants de Ségeste qui avaient pris leurs terres ancestrales. Les barbares rejoignirent les phocéens avec les paysans de Ségeste eux-mêmes opprimés par les nobles, et ils marchèrent vers la ville en détruisant les champs de blé.

Dorieos chef de guerre contre les défenseurs de Ségeste

Les ségestiens rassemblèrent les athlètes et les chevaux de race et s’apprêtèrent pour la bataille avec les guerriers cuirassés. Les nobles et les mercenaires. La bataille fut longue, confuse et d’issue incertaine, jusqu’à ce que la meute de chiens de race fût décimée par de bons coups de gourdins. Le dieu chien de la cité fut ensuite lâché de son enclos sacré par les ségestiens, mais il alla se coucher finalement aux pieds du capitaine de guerre Dorieos. Les tambours des Sicanes sonnaient et Dorieos leva ses regards vers le ciel en s’écriant « Écoutez battre les ailes de la déesse de la victoire ! ». Puis il enfonça les lignes d’hoplites lourdement armés de Ségeste et finalement il tua le roi puis brandit la couronne du chien sacré de la ville. La porte de la ville avait été fermée et Dorieos la martela de son bouclier. Elle s’ouvrit alors car le peuple de Ségeste avait pris le pouvoir sur les nobles et était conduit par les deux fils de Tanakil qui s’avança vers eux le front ceint d’un bandeau carthaginois. Dorieos s’avança après hors de la ville vers les nobles qui s’étaient regroupés dans le champ de bataille et il rejoignit le chien sacré qui était au pied du mausolée de son père. Il invoqua alors l’esprit de son père à haute voix « Es-tu satisfais, ô Dorieos mon père ? Reposeras-tu en paix, cessant désormais de me tourmenter ? ». Et l’on dit qu’une voix caverneuse se fit entendre à l’intérieur du mausolée « je suis satisfait, ô mon fils, je vais connaître le repos », aurait dit la voix[16]. Dorieos rentra dans la ville protégée par le chien sacré qui le suivait et qui retourna dans son enclos sacré.

De retour à Panorme, Dionysios et sa flotte s'enfuient en mer

Dorieos devenu très faible resta couché ensuite douze jours veillé par Tanakil, mais il se crut en mer se balançant dans les bras de son aimée Thetis. Deux émissaires arrivèrent de Carthage et acceptèrent de reconnaître Dorieos comme roi de Ségeste et de tout Erix, mais ils lui demandèrent de verser des compensations pour Panorme et qu’Erix fut reconnu comme cité carthaginoise. Enfin Dyonisios et ses hommes devraient être livrés à Carthage pour piraterie. Dionysios fit fondre les trésors d’or et d’argent qu’il distribua également aux marins phocéens, puis il s’empara des émissaires de Carthage et prétendit qu’ils les emmèneraient à Érix pour qu’il finissent d’accomplir leur mission. Dionysios partit alors avec ses otages et ses hommes qui gardaient leurs armes ainsi que le trésor partagé qui fut chargé sur des mules. Ils arrivèrent le lendemain soir au port d’Erix. Ils envahirent le navire qui attendait les émissaires et jetèrent l’équipage à la mer. Dionysos renonça à poursuivre la route maritime vers Marsillia, devenu Marseille ensuite, et qui avait été conquise par ses ancêtres phocéens. Il s’enfuit alors en mer, poursuivant ses exploits maritimes de piraterie, ce qui plut beaucoup aux colonies grecques de Sicile qui avait déjà des relations mauvaises avec Carthage.

Tanakil trompée par Arsinoé empoisonne Dorieos et meurt ensuite

Pendant ce temps à Ségeste, Arsinoé attendait la naissance de son deuxième enfant qui fut un garçon et qu’elle nourrit elle-même. Entre-temps le chien sacré de Ségeste mourut dans son enclos malgré les soins de sa jeune esclave, une petite fille appelée Hanna qui s’accrocha ensuite à Turms pour lui demander protection. Quand Turms lui parla d’Arsinoé et du garçon qui venait de naître, Hanna lui dit qu’elle était Istafra la prêtresse du temple d’Erix et que l’enfant était le fils de Doriéos. Turms décida d’en parler ensuite à Arsinoé qui lui dit que Doriéos se vantait. Mais une marque sur la cuisse du garçon fut révélée par Doriéos qui rétablit la vérité qui était qu’Arsinoé s’était donnée à Dorieos dans la soute du bateau en prenant l’apparence de la déesse de la mer Thétis. Tanakil furieuse de la trahison de son époux, l’empoisonna ensuite comme elle l’avait déjà fait pour ses deux premiers maris, puis elle se jeta dans le bûcher de Doriéos, car pour elle, sa vie sans lui n’avait plus aucun sens et elle espérait l’accompagner dans son séjour souterrain.

 
Livre 7 : Les Sicanes. (61 p.)
Hiouls le fils de Dorieos et d'Arsinoé est appelé Erkel par les sicanes

Ils rencontrèrent les sicanes près de leur rocher sacré et ils nous expliquèrent qu’ils avaient prévu notre arrivée. Ils n’étaient pas si barbares, car ils possédaient le don de prévoir qui s’aventure sur leur territoire et en quel nombre. Leurs prêtres portaient des masques en bois sculpté. Arsinoé était venue avec son fils dans les bras qu’un prêtre fit déposer sur le rocher sacré puis ils crièrent ensuite « Erkel! Erkel! ». Mikon offrit aussi aux sicanes ses dernières réserves de vin qui ensuite lui firent tremper ses lèvres dans leur drogue sacrée distillée à partir de baies toxiques de champignons et de racines et conservée dans un morceau de bois évidé. Plus tard, les yeux écarquillés, Mikon prétendit qu’il voyait à travers le tronc des arbres et jusque dans les profondeurs de la terre. Les rites du sacrifice se poursuivirent et dans le silence chacun attendait un signe. « Le hurlement d’une chouette résonna au plus noir de la forêt avec une grande insistance. - Arsinoé », dit Turms - « notre fils n’a pas de prénom, appelons le Hiouls d’après le cri de la chouette ». Les sicanes conduisirent ensuite Turms et Arsinoé par un passage secret jusqu’à une grotte enfouie au plus profond d’un roncier où une litière avait été posée sur le sol. Arsinoé se répandit ensuite en reproches contre Turms. Hanna s’occupait de l’éducation de Hiouls qui grandit rapidement.

Mort de Mikon qui avec Arsinoé est le père de Mismé

Mikon vécu encore un an près d’eux et soignait les malades sicanes. Mais il était lentement empoisonné par la drogue sicanes jusqu’à ne plus distinguer le réel de l’irréel. Il dit à Turms que parfois il le voyait d’une taille surnaturelle et que son corps flamboyait sous ses vêtements. Il fuit ensuite sans se retourner et jamais il ne revint des rives du fleuve. Arsinoé dit à Turms que peu importait sa mort, mais qu’il aurait pu l’assister lors de la naissance de l’enfant qu’elle portait encore en elle, puis elle donna naissance à une fille. Turms dit que puisque leur fille était née parmi les sicanes, il n’aurait pas trouvé de meilleur nom pour elle que Mismé, comme le nom de celle qui avait offert à boire à Demeter parce qu’elle était à la recherche de sa fille.

Un prêtre buvait de la drogue sacrée et Turms troublé lui en demanda. Le monde devint translucide et il s’enfonça dans les entrailles de la terre et dans sa transe, il vit de l’or et de l’argent sous le rocher sacré. Il s’éveilla et vomit puis fut hébété et il comprit que Mikon avait voulu mourir après avoir trop pris de ce poison.

Rencontre d'un marchand étrusque et du grec Xénodote

Par la suite, Turms rencontra un marchand étrusque qui vendait aux sicanes des armes de fer cachées dans des sacs de grains, et qui était accompagné de Xénodote qui parcourait le monde en géographe relevant les terres et les fleuves inconnus, ainsi que les peuplades et leurs chefs, pour rapporter ensuite ces informations au grand roi Darius des perses. Les enfants grandirent et Hanna devint belle. Hanna fut mise toute nue par Arsinoé devant Turms à son corps défendant, qui lui dit qu’elle ferait bientôt une belle esclave à vendre dans une grande ville. Turms accusa Arsinoé de lui mentir et lui dit que Mismé était la fille de Mikon qui s’était mis ensuite à la boisson et qui, après avoir abusé de la drogue sacrée, s’était noyé dans le marécage. Arsinoé en colère dit à Turms qu’elle n’avait pu parfois repousser les avances de Mikon et que c’était de sa faute, car il était stérile.

Une cérémonie eut lieu sur le rocher sacré et Turms dû boire de la drogue sacrée qui l’initia alors au cerf d’Artémis qui, sous sa forme d’Hécate lui avait dit avant qu’il ne manquerait de rien. Puis Turms révéla aux prêtres qu’il avait vu un trésor sous le rocher. C’était faux, mais un prêtre conduisit ensuite Turms secrètement dans un lieu caché où il découvrit un trésor d’objets en or et argent. Turms ne montra pas d'avidité et il prit ensuite seulement un gobelet en or et un bracelet qu'il donna ensuite à Arsinoé et une petite main d'or pour lui. Xénodote et le marchand étrusque revinrent après avoir exploré le pays des Sicanes. Xénodote avait déjà donné à Turms des pièces d’or perses dont ne voulaient pas les sicanes qui ne voulaient que du fer.

Départ sans Hiouls après cinq ans chez les sicanes

Turms lui dit qu’après cinq ans chez les sicanes l’heure du départ était venue. Après une grande cérémonie, douze prêtres sicanes étendirent Hiouls qu’ils appelaient Erkel sur le rocher sacré, ils lui firent boire de la drogue sacrée et échangèrent leur sang avec lui. Le lendemain, les sicanes dirent adieu à Turms et Arsinoé, à Mismé et Hanna, mais ils gardèrent Hiouls avec eux pour qu'il devienne leur chef Herkel, sinon ils les auraient tués. Ils partirent avec Xénodote et le marchand étrusque qui revenaient à Panorme.

Le retour à Panorme

Turms fut pris au port de Panorme pour un sicane dont il avait pris l’apparence avec son visage caché par un masque de bois. Mais il n’empêcha pas Arsinoé de raconter son histoire à Xénodote qui s’empressa ensuite de lui dire que le Perse n’aimait pas la vengeance pour la vengeance, et qu’il lui pardonnerait l’incendie du temple de Cybèle et de Sardes ainsi que sa piraterie, car il deviendrait ensuite à Suse un grand dignitaire au service de la cour de Darius. Arsinoé qui se désolait d’être devenue brune car à Erix puis à Ségeste, elle se teignait les cheveux en blonde, retrouva des teintures et des fards et reprit son apparence du temple d’Erix, puis elle dit à Turms qu’elle partirait avec Mismé dans le bateau de Xénodote jusqu'en Perse.

Turms quitté par Arsinoé et Mismé se console avec Hanna

Turms dit qu’il se livrerait à Carthage pour être écorché plutôt que d’aller à Suse et il dit au revoir à Xénodote, à Arsinoé et à Mismé, puis il embarqua désespéré sur le vaisseau du marchand étrusque avec Hanna. Dans la nuit, Hanna se glissa à ses côtés et pleura avec Turms. Hanna lui raconta qu’Arsinoé lui avait dit qu’elle la vendrait dans une grande maison de prostitution d’une grande cité. Le vin et le refus d’Arsinoé de continuer avec lui, engagent Turms à désirer le corps de la jeune fille qui se soumit à lui sans protester, mais elle n’était pas Arsinoé qu’il ne pouvait oublier. Hanna pleura de joie car il avait daigné la toucher et ne déplora pas la perte de sa virginité car elle n’avait rien d’autre à lui offrir et elle lui dit qu'elle l’aimait depuis son enfance.

Arsinoé et Mismé reviennent et Turms appelle la tempête en mer

L’esprit tutélaire veillait sur Turms, car au matin, en ouvrant les yeux, il vit Arsinoé qui était revenue avec Mismé dans le bateau étrusque encore à quai. Arsinoé lui demanda d’appeler le vent avec elle et le navire prit la mer, tandis que l’étrusque et son équipage hissaient les voiles en toute hâte. Turms montra au timonier le cheval marin de pierre noire dans sa main et lui dit de ne pas avoir peur et de déferler plus de voiles. Xénodote était parti avant, seul dans son navire et avait aussi accepté de rembourser la dette de Turms chez Lars Alsir à Himère pour l’achat du chat d’Arsinoé qui était mort ensuite chez les sicanes. Turms trouva un minuscule galet sur un des ballots du navire qu’il glissa dans sa bourse avec les autres cailloux, avec la main d’or et avec l’hippocampe de pierre qui étaient ses seuls biens. Mais il ne s’inquiéta pas parce qu’Hécate veillait sur lui. « Tandis que le navire m'éloignait de la côte sicilienne, Je détournais mes regards des montagnes d'Erix. Je ne regardais plus que vers l'avant, vers le nord »[17].

 
Livre 8 : Les présages. (75 p.)
L'arrivée à Rome

Après la tempête du premier jour un vent du sud régulier et soutenu les conduisit vers le nord, jusqu'à ce que le timonier dise que c'était l'embouchure d'un fleuve romain. Le marchand étrusque loua des bœufs et fit haler par des esclaves son bateau contre le courant rapide jusqu'au port de Rome (Ostie). Les inspecteurs romains montèrent à bord et ils passèrent pour des sicanes venus de Sicile et inscrivirent leurs noms. Les questeurs inspectèrent d'abord les biens d'Arsinoé et pesèrent les pièces et les objets en or. Turms déclara qu'Hanna était une femme libre, mais Arsinoé en riant dit qu'elle était une esclave qui se vendrait très bien et cela fut noté. Respectés pour leurs avoirs, ils débarquèrent et le marchand les conduisit jusqu'au nouveau temple étrusque de Turnus pour sacrifier au dieu que les romains appelaient Mercure et les grecs Hermès. Le marchand refusa ensuite tout paiement pour le voyage, en disant qu'il se souvenait de la magie noire qui présida à leur départ et protégea le bateau de la tempête, puis du meilleur vent ensuite. Devant le temple de Mercure, Turms fit son adieu au marchand - « Posant la main droite sur son épaule, je me cachais les yeux de la main gauche pour le bénir » et le marchand s'enfuit très inquiet en le regardant en arrière entre ses doigts.

La rencontre du vieil augure étrusque

Turms attendit un présage et vint un vieil homme qui portait un bâton terminé par une crosse et qui lui demanda s'il attendait quelque chose ? Cet augure était le présage qui se confirma quand Turms lui parla d'abord en grec, mais pas dans la langue de la cité, et enfin en étrusque dont il se souvint subitement tout à coup. Le vieil homme se déclara étrusque et les conduisit dans le quartier étrusque de Rome, après avoir reconnu en Arsinoé les traits de la déesse sous les traits d'une mortelle. Puis il dit de Turms « J'ai déjà vu un portrait souriant de toi au cours de mes voyages d'apprentissage dans les cités sacrées » et Turms en riant lui dit qu'il n'avait jamais visité de cité étrusque. Le vieillard lui dit qu'il lirait gratuitement les présages pour lui, mais qu'un peu de soupe lui donnerait de la vigueur. - « Ne te fais pas de souci » répondit Turms « car je suis moi-même un grand dispensateur de présents ». L'augure devint inquiet car avec le titre de Dispensateur de présents[18], Turms avait involontairement prononcé « le nom secret de quelque divinité étrusque ». À la question de Turms « Qui sont les lucumons ? » le vieillard précisa que « c'étaient les mots réservés aux saints lucumons »[18] et que - « Les lucumons sont les rois sacrés des étrusques. Mais il en naît rarement de nos jours »[18]. Puis en cognant le portail peint, de sa crosse, il les conduisit dans une auberge étrusque. Ils mangèrent ensemble dans la même pièce. Turms bu dans une coupe noire sacrificielle puis l'augure lui lança une grenade qu'il reçut dans une coupe d'argile et l'aubergiste lui passa une guirlande de fleurs d'automne autour du cou. L'augure déclara - « Tu as du feu autour de la tête, étranger ». puis Turms se rendit compte qu'il voyait à travers les murs… L'augure lui dit - « Tu as seulement goûté à l'herbe sacrée. Tu n'es pas un homme ordinaire. Nous devons gravir la colline sacrée… »

Sur la montagne sacrée Turms rencontre les divinités étrusques

Turms gravit une falaise escarpée puis il découvrit un lieu sacré, un temple rond dont l'augure lui dit que c'était le temple de Vesta où des vierges gardaient le feu sacré… Turms découvrit une grotte avec une source sacrée avec à côté, trois couronnes de feuillages composées de saule, d'olivier et de lierre. La grotte s'assombrit et Turms vit une femme entourée d'une robe brune dont elle avait couvert sa tête et ses mains. Turms retrouva la lumière du jour et à cet instant il dit - « moi, Turms, j'ai connu mon immortalité pour la première fois avec une certitude bouleversante »[19] et il se couronna d'une couronne de lierre. Ils montèrent en haut de la crête de la montagne sacrée. - « Le nord m'a choisi » dit Turms. Les sept dieux vinrent, mais Turms invoqua ceux qui avaient manifesté leur présence - « Maître des nuées. Regard plein de douceur. Pied ailé. Fille de l'écume. Toi, la souterraine » et l'augure répéta le vrai et saint nom des cinq divinités et les présages arrivèrent : - « Ton lac. Ta montagne. Neuf ans. Ta tombe ». Pour moi dit Turms, les présages n'appellent pas de remerciements. - « Il y avait cinq divinités, mais ce sont des divinités terrestres et seul le maître de l'éclair était mâle ». Puis il dit - « Pour moi, j'adore les divinités voilées »[20]. - « N'en parle pas. Il suffit de les connaître » dit l'augure et Turms répliqua - « Ils règnent sur les dieux comme les dieux règnent sur les hommes ». - « N'en dit pas plus. Ils existent. Cela suffit » reprit l'augure.

Porté à l'auberge le patricien malade Tertius Valérius est séduit par Arsinoé

Ils revinrent à l'auberge. Aux pieds d'Arsinoé, un vieil homme était assis. C'était Tertius Valerius un voisin, l'un des pères de la cité, un patricien romain et sénateur qui portait une toge blanche bordée de pourpre et un anneau d'or au pouce. Il avait été conduit en hâte en civière à l'auberge après une attaque et il soulevait du doigt sa paupière tombante de l’œil droit. Il raconta qu'il avait vu, parlé et touché son épouse décédée depuis longtemps, puis qu'à son réveil son épouse s'était transformée en Arsinoé. Cette dernière dit que c'était un songe et Turms en colère lui dit que c'était encore un des tours de la déesse rentrée en elle. Puis Turms dit au vieux romain qui parlait étrusque, que sa paupière tombante était un trouble de la tête. Tertius Valerius voulut ensuite tous deux les inviter chez lui. L'aubergiste fit ses comptes pour Turms et les siens qui dit que c'était beaucoup trop cher, mais le très riche romain signa les tablettes de cire pour leur offrir de régler la note.

Guéri, Tertius Valerius héberge Turms, Arsinoé, Hanna et Mismé

Ils arrivèrent, ensuite, dans la vaste et vieille demeure de Tertius Valerius dont Arsinoé devint bientôt la maîtresse de maison en dirigeant les vieux esclaves et le vieux majordome étrusque, puis en faisant ensuite venir Hanna et Mismé et leurs affaires. Tertius Valerius se rétablit de son attaque, veillé par Arsinoé et il leur demanda qui ils étaient et leur parla aussi de son histoire.

Tertius Valerius n'eut plus de nouvelle attaque de paralysie et il se remit vite grâce aux soins d'Arsinoé et à Turms qui fit venir un masseur. Ils furent ensuite invités tous deux aux jeux du cirque romains inspirés de ceux des étrusques mais beaucoup plus sanglants et mortels… Arsinoé reçut des présents et se réjouit des combats sanglants sans pitié, alors que Turms s'en révolta. Puis ils participèrent aux Saturnales qui étaient une longue fête où les romains consacraient leurs jours les plus sombres à Saturne, le vieux dieu de la terre, où le travail était arrêté, le vin coulait à flot et maîtres et esclaves échangeaient leurs rôles. Quand ils revinrent au domaine de Tertius Valerius,

Arsinoé furieuse veut vendre comme esclave Hanna qui est enceinte de Turms

Arsinoé devint furieuse en disant à Turms qu'Hanna était enceinte et qu'elle ne vaudrait plus rien au marché d'esclaves. Elle la fit fouetter pour qu'elle avoue quel était le coupable mais elle n'avoua pas et Turms arracha le fouet des mains de l'esclave et le frappa. Turms se souvint de la nuit où il avait séduit Hanna, mais elle n'était pas Arsinoé qui voulut connaître à tout prix le nom du violeur et il dut la gifler pour qu'elle s'arrête. Arsinoé partit ensuite vendre Hanna et au retour elle eut la délicatesse de ne pas donner le prix qu'elle avait obtenut de la pauvre fille et de ne plus en parler.

Turms mis en congé par Tertius Valerius part sans argent de Rome

Tertius Valerius proposa ensuite à Turms de devenir un romain plébéien en devenant un fantassin hoplite prêt à partir en guerre. Turms n'eut pas le sentiment d'être prêt pour la citoyenneté romaine et dit ensuite - « J'ai l'intention d'aller visiter d'autres cités étrusques ». Tertius Valerius le félicita de devenir conseiller politique (es) et lui proposa des lettres d'introduction pour des personnalités influentes de Veies et Caere, les deux villes étrusques les plus proches de Rome. Turms refusa en pensant qu'il valait mieux ne pas se lier à Rome et il comprit qu'on lui donnait congé. Il mit alors des brodequins romains, revétit une tunique et un manteau de laine grise, releva ses cheveux en chignon, puis partit vers le pont de Rome.

Turms gagne de l'argent à Véies en pays étrusque

Hécate protégeait toujours Turms parti sans argent. À l'entrée du pont, il rattrapa par les naseaux, un taureau qui semait la panique dans le troupeau. Le bouvier qui allait vendre les bêtes à Véies pour son maître, lui demanda de l'aider car Turms parlait grec, romain et étrusque. Turms obtint plus du double du prix escompté en négociant et le bouvier lui donna un quart du profit en bel argent. Turms resta dans cette ville gaie et civilisée où l'on mange avec une fourchette d'argent à deux dents. Le premier matin, il découvrit un temple d'Artémis et il y entra. Dans l'obscurité, il vit une statue de la déesse de Véies et il reconnut Uni qui incarne la tendresse et la bonté féminine, qu'il avait précédemment vue en rêve dans le temple d'Erix et qui incarnait la compassion et l'amour maternel. Puis, il apprit que les Volsques menaçaient Rome avec un ancien héros romain Coriolan qui était à leur tête.

Turms arrive à Caere où on lui parle des lucumons

Turms admira le lac de Véies au coucher du soleil, puis partit à l'ouest vers la ville de Caere en franchissant les montagnes. Un gardien de la cité des tombes dans la montagne sacrée lui dit que les lucumons plutôt que les rois étaient enterrés là. Turms lui demanda de s'expliquer et le gardien dit - « Le lucumon est celui qui est. Un lucumon est un roi sacré » et il poursuivit - « Le lucumon est un souverain choisi par les dieux. Il est trouvé. Il est reconnu. Il est le grand prêtre, le juge suprême, le législateur suprême. Un souverain ordinaire peut être détroné, il peut transmettre héréditairement son pouvoir, mais nul ne peut priver un lucumon de son pouvoir, car le pouvoir du lucumon est sien »[21]. Le gardien montra ensuite à Turms un tombeau dont le pilier de pierre de l'entrée était surmonté d'un couvre-chef rond et non pointu, et il lui dit que c'était la tombe d'une reine qui fut un lucumon, car un lucumon peut naître femme ce qui est rare.

Turms visite ensuite Tarquinia
Sarcophage des epoux Villa Giulia1.

Turms poursuivit vers le nord son voyage pour visiter Tarquinia, la principale cité étrusque des douze villes sacrées. Il se fit des amis et acheta des vêtements étrusques et se coiffa d'un chapeau arrondi en forme de dôme. Si Veies est la cité des sculpteurs, Tarquinia est celle des peintres dont la coutume était de décorer les tombes de fresques sacrées. Parmi les tombes futures, une avait une porte ouverte et il demanda d'y entrer en tant qu'étranger. Un juron du peintre lui répondit mais son apprenti vint le chercher pour descendre. Il vit un coquillage sacré qui fut pour lui un signe d'Aphrodite. C'est là qu'il rencontra le peintre Aruns qui lui dit que Fufluns, le dieu du vin que les grecs appellent Dionysos l'avait envoyé. Il lorgna sur la bouteille d'argile que Turms portait et Turms lui donna à boire. Aruns lui montra les splendides fresques illustrées du festin des dieux qu'il avait peintes pour ses protecteurs qui étaient de la maison des Velthuru. Mais les fresques n'étaient pas encore terminées et en particulier un cheval éternel peint en bleu. Aruns dit qu'ils se reverraient. En quittant la tombe Turms dit - « Déjà je le reconnaissais à son visage et à ses yeux. Aruns était de ceux qui reviennent »[22]. Il le revit plusieurs semaines après complètement saoul et en compagnie d'ivrognes et de danseuses étrusques, maîtresses de leur art. L'apprenti d'Aruns vint l'appeler une nuit en lui disant - « Turnus l'œuvre est terminée, viens pour être le premier à la voir ». Turms descendit et admira les fresques du festin des dieux et Aruns répondit - « Ou la mort d'un lucumon ».

Turms qui est invité par Lars Arnth à une partie de dés gagne une fortune

Aux abords de la ville, il vit un dais où de jeunes nobles faisaient une partie de dés. Le plus jeune des Velthuru Lars Arnth Velthuru hélà Turnus en l'invitant à participer à la partie de dés. Ses compagnons devaient être comme lui des officiers de cavalerie de haute naissance. À la demande de Lars Arnth, Turms qui n'avait guère joué, accepta de jouer le tout et Lars Arnth répondit qu'il garantissait pour lui. Il joua trois fois et perdit à chaque fois. Il implora Hécate et un lézard au soleil lui apparu comme un bon signe. - « Continuons » dit Turms qui joua trois fois et gagna avec le maximum de points de dés tandis que Lars Arnth perdait, et Turms regagna en partie ce qu'il avait perdu. - « Jetons les dés une dernière fois » dit Lars Arnth. Turms gagna encore mais d'un point, Lars lui lança une fiche d'ivoire et Turms lui dit que - « le gain était sans importance. Ce qui comptait c'était le plaisir de l'avoir rencontré et de jouer avec lui »[23]. Lars Venthuru lui dit en souriant qu'un esclave lui apporterait ses gains. Le soir, son trésorier vint à l'auberge lui apporter un talent (soit 27 kg) de douze barres d'argent estampillées avec lesquelles il aurait pu acheter une maison à Tarquinia, toute meublée et décorée.

Rentré à Rome Turms donne son bel argent à Arsinoé qui l'aime ensuite

Turms revint riche à Rome cet hiver-là, et décida de faire déclarer ses richesses sur les registres de l'état. Il rentra chez Tertius Valerius et Mismé vint l'embrasser. Arsinoé fut désolée de voir Turms dans cet état, mais quand il lui déversa les barres d'argent sur le sol, elle l'embrassa de mille baisers malgré ses vêtements crasseux. Arsinoé retrouva le pouvoir de la déesse sur lui. Il se mit nu puis elle aussi et ses embrassements répondirent aux siens.

Turms repart en pays étrusque à Populonia

À Rome, Turms joua aux dés avec un comptable étrusque d'un navire minéralier de fer, qui lui avait promis un voyage à Populonia s'il gagnait. Après avoir gagné, il partit plus tard pour cette cité. Un navire de guerre étrusque les accompagna jusqu'au port où, à quai, des gardes bardés de fer les entourèrent, puis des inspecteurs sévères contrôlèrent l'inventaire et le regardèrent à la fin. Il avait mis ses plus beaux atours de Tarquinia. Après avoir vu son visage, le chef des inspecteurs imprima une tête de Gorgone sur une tablette de cire qu'il donna à Turms et ne lui demanda rien d'autre en lui disant - « Tu es libre d'aller et venir dans notre cité ». La Gorgone était l'emblème de la cité des fonderies de fer. Au temple, le dieu au marteau était Sethlans à la lourde masse, et les chapelles latérales étaient consacrées à Tinia et à Uni.

Turms est invité au temple de l'éclair ou tout devient blanc

Mais Turms était encore plus curieux du temple de la foudre situé sur les montagnes de l'ouest proches de Populonia et de Vetulonia non loin des champs de minerai. Des éclairs de tonnerre illuminaient l'intérieur du temple où le conduisit le doyen du temple pour qu'il s'asseye au centre sur le bouclier d'airain, le visage tourné vers le nord. « Soudain, tout devint blanc et un éclair forma un véritable arc-de-triomphe en direction du nord » puis « l'éclair forma un cercle complet sans jamais toucher le sol » et « le tonnerre résonna avec un fracas étourdissant ». - le vieillard derrière Turms posa ses mains sur ses épaules et dit - « Le dieu a parlé »[24]. Il lui donna ensuite un lourd vêtement de laine et Turms lui dit qu'il avait été frappé par la foudre aux pieds d'un chêne à Éphèse et que son crime le plus horrible était l'incendie du temple de Cybèle - « Ce que tu as fait tu devais le faire » lui dit le vieillard, car - « nous ne considérons pas comme un criminel celui qui est frappé par la foudre » et - « Ce que tu m'as dit confirme le pressentiment qui m'est venu sitôt que j'ai vu ton visage ». Turms lui demanda ce que c'était ? - « Je n'ai pas le droit de te le révéler tant que tu ne l'auras pas découvert toi-même… Songe alors que des esprits bienveillants te protègent » et il le bénit au nom de son dieu. Turms partit ensuite trouver les sources du Tibre avec l'intention d'en suivre le cours jusqu'à Rome, mais avec la neige,

il dut passer l'hiver dans la riche cité de Perusia (devenue Pérouse). Il avait quitté Rome un an avant au début du printemps. Quand il vit Arsinoé un an après, elle était enceinte et ne se réjouit nullement de son retour.

 
Livre 9 : Le lucumon. (74 p.)
Arsinoé qui s'est mariée à Rome avec Tertius Valerius est de nouveau enceinte

Quand Turms revint chez Tertius Valerius tout était repeint et redécoré. Arsinoé enceinte fut effrayée et ne l’attendait plus. Elle lui demanda de voir d’abord Tertius Valerius. Le vieillard surgit en lui disant d’abord qu’on l’avait cru mort noyé avec son navire, qu'un témoin avait vu sombrer. Puis, il lui dit qu’Arsinoé lui avait donné un enfant et qu’un mariage légal avait été prononcé qui annulait tout lien antérieur. Il lui demanda ensuite de transférer officiellement ses richesses au nom d’Arsinoé pour que son passé ne le mette pas en danger devant un tribunal et que cela soit considéré comme une dot pour elle de sa part. Arsinoé savait ce qu'elle voulait et préférait la richesse et une position élevée à Rome, plutôt que lui-même. Turms renonça à tous ses droits et accepta. Tertius Valerius lui dit qu’en dédommagement, il lui donnait une petite ferme sur l’autre rive de la rivière avec deux vieux esclaves dedans. Turms apprit ensuite que Coriolan avec son armée de Volsques avait été près de conquérir Rome et qu’Arsinoé, accompagnée de la mère et de l’épouse romaine humiliée de Coriolan l’avaient rencontré. Puis, Arsinoé avait ensuite passé la nuit avec lui en appelant la déesse. Au matin, Coriolan était reparti avec son armée et n’avait pas livré bataille à Rome, qu'il était près de conquérir.

Turms donne tous ses biens à Arsinoé et il prend Mismé avec lui

Turms qui ne voulait pas faire de mal à Arsinoé, comprit son besoin d’une vie à l'abri des hasards et aussi ses mensonges. Les couches d’Arsinoé furent difficiles et le garçon nouveau-né pesait dix livres, tandis qu'un orage de grêle et des éclairs éclataient dans le ciel. Un an passa avant qu’il ne revît Arsinoé qui lui demanda de prendre Mismé avec lui car elle était considérée comme de père inconnu. Turms lui répondit que d’après ce qu’il avait entendu, il lui semblait que son fils était le fils de Coriolan. Arsinoé reconnut secrètement que c’était vrai et qu’elle avait voulu donner à Tertius Valerius la joie d’avoir un enfant et de retrouver sa vigueur. Turms accepta de prendre Mismé avec lui.

Turms revoit Xénodote qui est au service du roi des perses et lui fait une proposition

Le roi perse, Darius le Grand mourut et son fils Xerxès Ier demanda à Athènes d’échanger un peu de terre et d’eau, et de faire leur soumission à l’empire perse. Turms revit Xénodote ensuite, qui lui dit qu’il était devenu, à Suse, le conseiller aux affaires d’Occident de Xerxès et qu’il revenait de Carthage. Xénodote lui dit ensuite que les flottes maritimes de Carthage et des étrusques étaient menacées par les grecs, que le nouvel empereur perse souhaitait une alliance avec Carthage et les étrusques pour que la Grèce tombe aux mains des perses, et que Xerxès n’oublierait pas ses alliés. Turms accepta la proposition de Xénodote pour lutter contre les forces aveugles du destin et il lui dit qu’il parlerait en ce sens aux chefs des cités étrusques. Le conseiller de Suse lui dit qu’il mettait de l’or à sa disposition pour conquérir Himère avec Carthage afin de vaincre les grecs en Sicile. Et, il lui passa au cou un lourd collier d’or, bien que Turms lui ait dit que ce n’était pas l’or qui emportait la décision.

Turms propose ensuite aux étrusques l'alliance avec les perses et Carthage contre les grecs

Turms reprit la route au Nord pour rencontrer Lars Arnth Velthuru qui l’introduisit auprès de son vénérable père Aruns Velthuru à qui il expliqua les projets militaires du roi perse pour en finir avec les grecs. Le vieux père soupira et dit que cela devait être tranché par le Conseil des étrusques et il éleva son fils à la régence de Tarquinia, afin qu’il aille ensuite à Volsinii à sa place pour régler cette question politique. Turms revint à Rome et dit à Xénodote que les étrusques soutiendraient Carthage et il lui communiqua la liste secrète des aides promises donnée par Arnth. Xénodote se réjouit vivement et lui dit qu’il lui donnait des têtes de taureau en or qui chacune valaient un talent. Turms n’accepta qu’une seule tête de taureau en or et suggéra l’achat par les perses de cargaisons de fer à Populonia pour en faire des armes. Il proposa encore d’envoyer quelques têtes de taureau d’or à Lars Arnth.

La flotte étrusque rejoint celle de Carthage contre les grecs à Panorme

Le conseil de Carthage avait choisi Hamilcar comme chef militaire de l’expédition qui était devenu autocrate, et ils partirent en vue des côtes siciliennes pour s’emparer du port de Panorme (actuelle Palerme) à l’embouchure du fleuve proche d’Himère. Hamilcar avait pris Kydippe (fille de Terillos) en otage depuis Carthage où elle était venue, plus belle que la jeune fille qu’il avait connue à Himère. Mais Hamilcar était sous son charme tout en pensant que cela l’aiderait pour conquérir Himère. Turms avait revu avant Hiouls, devenu Erkel, roi des Sicanes, à qui il avait demandé de soutenir leur expédition avec Carthage contre les grecs. Mais la flotte grecque arriva à l’est devant Panorme en surprenant les navires carthaginois qui ne l’attendaient pas et les forces grecques terrestres s’étaient aussi mises devant Himère en face des mercenaires carthaginois. La bataille commença avec les sicanes dont les tambours sonnaient qui s’étaient mis du côté d’Hamilcar et des étrusques. D’effroyables pertes décimèrent les forces étrusques. Puis la garnison himérienne alliée des grecs sortit et enfonça l’aile droite invaincue d’Hamilcar. Erkel devant la défaite fit alliance avec le tyran grec d’Agrigente finalement vainqueur.

Après avoir perdu la bataille, Turms s'enfuit en mer jusqu'à Cumes en Italie

Turms et ses derniers guerriers prirent de nuit deux vaisseaux étrusques et éperonnèrent des vaisseaux carthaginois pour sortir, puis après une nuit, ils arrivèrent à Cumes en Italie, pour apprendre qu’Athènes avait complètement anéantie la flotte perse dans la passe de Salamine et aussi renversée l’armée perse aux Thermopyles.

Le tyran de Cumes ne sut quelle attitude prendre devant les deux navires étrusques réfugiés dans son port, pris entre deux opposants les grecs de Syracuse et les étrusques de Tarquinia où Turms avait mis au courant Lars Arnth.

Turms rencontre la pythie Hierofila qui l'appelle son fils

Il décida de confier le problème à l’oracle de la sybille Hiérofila que Turms alla voir dans sa grotte sulfureuse dans la montagne. Turms fut coiffé d’une couronne de lauriers et Hiérofila fixant Turms de ses yeux morts lui dit – « Ô toi, le favori des dieux, je vois la lueur bleue de la lune scintiller sur tes tempes mais la lumière du soleil resplendit sur ton visage »[25], puis elle dit à l’émissaire du tyran de Cumes de laisser les étrusques en paix et de relâcher leurs vaisseaux. La sybille dit, ensuite à part, à Turms qui l’avait interrogée en lui disant qu’il ne connaissait pas ses origines – « Ô mon fils, tu te reconnaîtras toi-même le jour où ta main se posera sur la colonne au sommet arrondi de la tombe de ton père. Je vois ton lac, je vois ta montagne, je vois ta cité. Cherche et tu trouveras. Frappe et on t’ouvrira. Et lorsque tu reviendras de derrière la porte scellée, souviens-toi de moi »[26]. Et Hiérofila lui dit encore en posant sa main sur son front, de regarder la déesse dont une couronne de murailles enserre la tête, qui est celle de la lune et de la fontaine, du cerf, du cyprès et de la myrte. Une autre forme recourbée comme la proue d’un bateau apparut ensuite à Turms, la tête enveloppée de bandelettes et qui lui indiqua le nord. Un éclair l’aveugla et il tomba sur le sol. Hiérofila lui dit enfin de sa voix tremblante – « Ton arrivée a été prédite et tu as été reconnu. Mais n’attache pas ton cœur à la terre. Cherche seulement pour toi ce que tu devras reconnaître toi-même, ô immortel »[27]. Turms s’éloigna de la grotte et redescendit de la montagne. Les deux vaisseaux purent prendre la mer après avoir déposé les emblèmes de leurs vaisseaux dans la cave du trésor du tyran de Cumes.

Revenu vaincu en mer en pays étrusque, Turms est banni de Tarquinia

Arrivés ensuite en pays étrusque jusqu’à Tarquinia, les marins et les habitants leur tournaient la tête au lieu de venir les saluer comme d’habitude. Car pour eux le malheur était très grand de la défaite étrusque. Lars Arnth reçut les survivants de sa cité et leur dit – « l’homme le plus brave n’a rien à gagner à lutter contre le destin que même les dieux ne maîtrisent pas ». Puis il ajouta – « tu ne mérites nul reproche, ô Turms, tu es seulement le messager ». Puis, il bannit Turms de la cité sans s’apercevoir que celui-ci était ruiné à l’issue de la défaite.

Turms revenu à Rome est mis en prison et tombe malade

Turms revint dans la petite ferme que lui avait donnée Tertius Valerius et où il avait envoyé Mismé. La maison avait été protégée par les étrusques de Veies lorsque les Volsques, avec Coriolan à leur tête, avaient voulu attaquer Rome. Turms comprit que sa demeure avait été protégée par Lars Arnth, mais cela faisait de lui un coupable envers Rome et un licteur le jeta au fond d’un cachot de la prison Mamertime. L'eau de sa cellule gela. Il fut malade et se crut proche de la mort avec de la fièvre et des hallucinations. Mismé pleurant revint le voir et le nourrit de ses mains. Craignant pour Mismé, Turms lui dit de retourner chez sa mère qui lui avait donné le jour.

Mismé qui vient voir Turms lui reproche d'avoir mis Hanna enceinte

Mismé se mit en colère et lui déclara que c’était une mère mauvaise et cruelle, et qui lui avait appris que Turms n’était pas son vrai père. Mismé lui demanda ensuite pourquoi il avait abandonné Hanna qui portait un enfant de lui ? Elle lui demanda s’il le savait, car Arsinoé avait vendu Hanna au pire marchand d’esclaves pour qu'elle aille dans les bordels de Tyr. Mismé se rendit compte que Turms ignorait cela. La colère de Turms se transforma en détresse lorsqu’il pensa qu’Hanna devait être morte et son fils disparu depuis longtemps. Il se décida à protéger Mismé, et il lui révéla comment retrouver la tête du taureau en or perse qu’il avait enterré. Puis, il lui dit – « un esprit tutélaire veille sur moi et j’espère qu’il en est de même pour toi » puis il rêva d’une femme qui avait la tête cachée par un manteau marron, qui entrait dans sa cellule et en qui il pouvait avoir confiance en elle[28].

Turms est condamné ensuite à Rome publiquement à être décapité

On lui permit de se laver et de se vêtir de vêtements propres et on le conduisit dans la maison de justice. Il déclara lors de son procès qu’il ne savait rien des pillards de Veies qui avaient épargné sa ferme, parce qu’à l’époque, il combattait avec les étrusques en Sicile. Le consul et le questeur le déclarèrent coupable de haute trahison en temps de guerre et il fut condamné à être fouetté et décapité sur la place du marché. Son jugement fut rendu public et Mismé vint en avertir sa mère. Arsinoé parut dans la prison pour nourrir charitablement les prisonniers grecs et elle dit au gardien qu’elle allait le nourrir elle-même car il avait les poignets entravés.

Arsinoé vient voir Turms et lui dit qu'Hanna qu'elle a vendue comme esclave est morte noyée

Arsinoé lui fit plein de reproches de sa trahison et de son état pitoyable, en lui disant aussi que Mismé, à cause de lui, serait pauvre et sans foyer. Elle lui apprit encore que Tertius Valerius avait eu une nouvelle attaque et qu'elle était devenue la maîtresse du domaine et très respectée des romains. Turms demanda à Arsinoé de s’éloigner de lui,et de lui dire enfin la vérité à propos d’Hanna, et si elle savait alors qu’Hanna lui avait donné un enfant ? Arsinoé lui dit qu’elle avait tout de suite vue qu’Hanna était enceinte de lui et qu’elle ne voulait pas d'un bâtard chez elle. Neuf ans après, elle était encore en colère contre lui qui n’avait jamais pu lui donner d’enfant. Elle lui dit aussi qu’elle voulait envoyer Hanna aussi loin que possible de Rome, et qu’un marchand phénicien l’avait achetée comme esclave, mais que son vaisseau avait été ensuite coulé dans une tempête avec tous ses esclaves et son chargement. Turms lui demanda de lui pardonner, car c’était sa faute et non la sienne, et il lui dit qu’elle demeurait le reflet de celle qui est née de l’écume. – « La déesse est revenue en moi » lui dit alors Arsinoé – « Mais je sais comment te sauver… ».

Turms est acquitté secrètement à Rome et sauvé de la mort par la doyenne des vestales
Phersu
. Quelques jours après, la porte s’ouvrit devant la femme à robe brune que Turms avait vue en rêve. Elle n’était autre que la doyenne des vestales qu'il avait rencontrée, il y a neuf ans dans la grotte sacrée le premier jour où il était arrivé à Rome. Elle lui dit ensuite – « Tu as erré librement, mais à présent, tu as atteint l’âge fixé. Tu dois aller vers le nord. C’est un ordre. Obéis à tes signes et à tes présages… Ô Turms, ta condamnation est annulée, et tu ne seras même pas flagellé. Mais tu dois quitter Rome. Va au nord, où tu es attendu. Ton lac, ta montagne t’attendent »[26]. Elle frappa à la porte que le gardien ouvrit, puis un forgeron ôta ses fers. La vieille vestale le lava puis il reçut une fine chemise et un manteau brun. Elle lui dit encore – « Hâte-toi, cerf sacré. Les frères du champ t’attendent pour t’escorter et te protéger ». Un brouillard protégea son départ et lorsque le soleil se leva, les frères du champ en manteau gris lui mirent sur l’épaule un sac de cuir et le conduisirent de l’autre côté de la frontière romaine.
Turms sauvé revient en pays étrusque et retrouve la tombe de son père à Clusium

Le nord était son destin. Il vit un lac et il sut que c’était son lac. Il vit une montagne et il la reconnue. Il marcha parmi les tombes et sans hésiter, Turms posa - « une main sur le sommet arrondi décoré de cerfs bondissants avec grâce » et il murmura – « Mon père, ô mon père, ton fils est de retour »[29]. Le gardien des tombes le reconnu. Puis le prêtre des éclairs se couvrit les yeux de la main gauche et leva la main droite pour le saluer comme s’il était un dieu. Le grand prêtre des éclairs lui dit ensuite que sur l’île (sans doute l’île d'Elbe qui était alors étrusque et où il y avait un grand temple des éclairs), ils avaient appris depuis neuf ans qu'il reviendrait lorsque la foudre avait tracé un cercle complet. « Il avait été reconnu comme roi car il avait reconnu la tombe de son père et il était le fils de Lars Porsenna ». Mais le prêtre lui demanda ensuite – « Es-tu un vrai lucumon ? ». Turms voulait en savoir plus sur son père et il apprit que sa cité était Clusium, celle où les sculpteurs fabriquaient des vases noirs et le visage humain éternel à l’effigie de son père qui repose dans le sarcophage de sa tombe.

Son père qui était roi de Clusium, n'était pas un lucumon. Turms est-il lui un lucumon ?

Les prêtres ne savaient pas s’il était un vrai lucumon ou simplement le fils de Lars Porsenna qui avait été le roi de la cité et sans vouloir lui-même se déclarer lucumon. Ils lui dirent que pour être vraiment le lucumon, il devait être examiné et reconnu comme tel en automne, lors de l’assemblée sacrée des cités, près du lac de Volsinii, et qu’il devait ensuite se reconnaître lui-même comme lucumon. Mais la foule exultait de joie et s’exclamait – « Lucumon, lucumon » sur son passage.

Turms passa l’été dans la maison que les anciens de la cité lui avaient fournie. Et les prêtres initiés lui racontèrent ce qu’il devait savoir de ses origines. Il apprit ainsi qu’il était né avec une membrane sur la tête et que des présages avaient dit à son père qu’un lucumon lui était né. Mais son père avait alors dit que - « le droit de naissance ne suffit pas et ce n’est qu’à l’âge de quarante ans qu’un lucumon peut se connaître et être reconnu. C’est pourquoi je dois abandonner mon fils »[30]. Lorsqu’il eut sept ans, son père l’emmena à la ville grecque de Sybaris qui fut ensuite rasée après sa rivalité avec Crotone. Et l’homme à qui son père avait confié son fils partit à Milet, sans révéler à quiconque ses origines.

Turms part à Volsinii pour devoir être reconnu ou non comme lucumon

Puis à l’automne, Turms vint sur les rives du lac sacré de Volsinii et il fut ensuite transporté dans un chariot fermé, dissimulé aux regards et dans lequel fut apporté « deux cônes de pierres blanches du temple de Volumna le changeant » pour qu’une fois encore « il puisse s’étendre sur la couche conviviale et partager le festin des dieux »[31]. Et alors comme la mort était sur son front, Turms se dépécha de conclure et de consigner son histoire pour ne rien oublier.

 
Livre 10 : Le festin des dieux. (40 p.)

Le livre 10 conclut l’histoire et les aventures de Turms l’immortel et il est très dense car il répond à toutes les questions et aux énigmes précédemment posées.

Le temple de Volumna (es) le changeant était sacré et la nef en son centre était gardée par une chimère à trois têtes d’airain, de lion de serpent et d’aigle. La puissante et prospère cité de Volsinni était à une demi-heure de marche et Turms fut conduit à la maison de conférences où étaient rassemblés tous les délégués des douze cités étrusques. Il sut que c’était sa première épreuve et il reconnut d’emblée les deux lucumons parmi eux. Le premier était un bon vieillard qui le reconnut aussi. L’autre, le lucumon de Volterra lui toucha le bras et lui dit de se préparer comme il voulait pour la suite. Ils enfoncèrent un nouveau clou de cuivre neuf dans l’antique colonne du bois du temple du Destin qui en contenait d’innombrables. Pendant sept jours durant les délégués des cités parlèrent de politique et Lars Arnth soutint que la guerre avec les grecs était inévitable. Mais les deux lucumons ne participèrent pas à ces débats car pour eux la guerre seulement devait être défensive. Mais Clusium était lié à Rome car Lars Porsenna, le père de Turms, avait conquis Rome pendant quelques années, puis s’était retiré de Rome quand les romains voulurent se gouverner eux-mêmes. Cela lia Rome à Clusium, la ville natale du père de Turms.

Turms soumis aux épreuves de reconnaissance d'un lucumon, est reconnu lucumon

Il fut ensuite appelé par les deux lucumons et soumis à plusieurs épreuves de reconnaissance pour savoir s’il était bien un dispensateur de présents. Il dut guérir un homme de son aveuglement, une femme dont les muscles des jambes étaient atrophiés et qui parvint à marcher. Le vieux lucumon prenant un morceau de bois le transforma en grenouille en riant, qui lâchée fut de nouveau le morceau de bois. Le morceau de bois dans la main du lucumon de Volterra, transforma un veau en taureau et celui-ci disparut ensuite et redevint le morceau de bois. Ils lui demandèrent de faire pareil et Turms décida de changer le morceau de bois en une colombe qui était le signe de la déesse, en appelant une force céleste et non terrestre ni souterraine. L’oiseau disparut dans sa main puis redevint un morceau de bois. Turms n’était toujours pas convaincu qu’il était un lucumon. Et il apprit ensuite qu’il pouvait reconnaître un criminel caché, puis voyager dans le passé, et aussi quitter son propre corps pour aller voir ce qui se passe ailleurs… Les deux lucumons lui confirmèrent qu’il était un immortel si seulement il voulait le reconnaître et ils lui dirent que lorsqu’il l’aurait reconnu, il cesserait de vivre pour lui-même et vivrait pour le bien de son peuple et de sa cité car il était un dispensateur de présents. Ils lui dirent encore qu’ils avaient connu les plus épouvantables souffrances ainsi que le doute et la conscience de leurs imperfections, tout comme lui, mais qu’au douzième jour, il partagerait avec eux le festin des dieux.

Lars Arnth gagne le combat rituel des douze cités étrusques, puis il épouse Mismé

Au douzième jour eut lieu d'abord un combat rituel pour désigner quelle serait la première des douze cités. Des jeunes gens issus des douze cités devaient combattre et le vainqueur devait épouser une vierge à la fin. Turms reconnu en la vierge Mismé (el) qui était devenue très belle. Deux derniers guerriers s’affrontèrent et l’un d’eux à la surprise générale fut Lars Arnth qui remporta le combat rituel puis s’allongea sur la table de pierre avec Mismé dans ses bras et la recouvrit du manteau du prêtre à côté. Cela fit rire l’assistance et Mismé devint ensuite son épouse en demandant à Turms de la considérer désormais comme son père.

Turms reconnu immortel par les lucumons est invité au festin des dieux

Turms se purifia et lorsque le soleil se coucha les prêtres dressèrent la tente des dieux. Les deux lucumons lui dirent qu'il était ce soir le dispensateur de présents et qu'il pouvait inviter deux divinités avec eux dans la tente. Ils lui demandèrent s’il allait choisir Artémis sous la forme d’Hécate et aussi Aphrodite encore appelée Ishtar ? Turms répondit que c’était la seule et même déesse et que son vrai nom était Turan, la déesse de la lune. Mais il lui restait alors une deuxième divinité à inviter et il choisit Volumna le changeant, car pour lui l’hippocampe est sacré et il ne l’avait pas compris avant. La tente rituelle fut ouverte et en entrant, il vit les deux cônes de pierre blanche. Les lucumons lui dirent de couronner les invités célestes. Turms mit une couronne de lierre sur le premier cône, puis une couronne d’aubépine sur le deuxième. Puis les dieux apparurent devant lui, l'immortel – « Ainsi acceptai-je enfin de me reconnaître immortel »[32]. Les serviteurs vinrent et apportèrent le repas divin puis des danseurs frénétiques exécutèrent la danse de la terre, de la mer et des cieux, aux sons des pipeaux doubles et des cordes… ils disparurent ensuite et un dernier serviteur déposa un plat couvert puis sortit. Dans le plat, Turms vit des morceaux de viande dans une sauce que les lucumons lui demandèrent de manger ? Il refusa et les lucumons lui dirent qu’ils ne le pouvaient pas non plus, car c’était la chair des dieux. Et, ils lui expliquèrent que c’était du hérisson, le plus ancien des animaux, qui passe l’hiver sous terre et se réveille au printemps. Le vieux lucumon lui donna encore un œuf écaillé en lui disant que c’était le début de tout, la naissance et aussi le retour, et le symbole de l’immortalité.

Turms boit le philtre d'immortalité et reconnait la déesse Turan, Volumna le changeant, puis le dieu voilé

Il lui fit boire ensuite un vin d’herbes amères en lui disant que c’était le philtre de l’immortalité qui allait lui permettre de voir les dieux. Turms bu le vin qui lui brûla la gorge et il mangea l’œuf. Les deux cônes changèrent et les dieux prirent leur place. Turan, la déesse aux yeux ovales, portait sur sa tête une couronne de murailles et ses tresses étaient vivantes comme des serpents. Puis paru Volumna qui le changeant pour le transformer en forces d’air, puis d’eau, puis de feu, et sa forme flotta au-dessus d’eux comme un gigantesque hippocampe, puis il descendit pour reprendre une forme humaine. Ils mangèrent le mets consacré et burent le vin jusqu’à la dernière goutte, tout en se présentant sous une forme humaine par amitié pour eux. Volumna leur dit – « Vous autres lucumons, vous être peut-être immortels, mais éternels vous ne l’êtes certainement pas ». Turan lui caressa les cheveux et lui interdit de chercher querelle. Turms découvrit alors son esprit tutélaire ailé qui le protégeait de ses ailes, et il vit que les esprits tutélaires des deux lucumons étaient venus aussi les protéger. Vint alors au centre de la tente, un être immobile et voilé, bien plus grand que les mortels, les dieux terrestres et mêmes que les dieux ne connaissent pas, et un orage gronda.

Après avoir participé au festin des dieux, Turms se reconnaît comme lucumon immortel

Ils reprirent conscience et les deux cônes réapparurent avec dessus leurs couronnes fanées et brûlées - « Ai-je rêvé ? » demanda Turms. Le vieux lucumon de Volsinni lui dit que non, et que d’avoir vu le dieu voilé qui n’était jamais apparu lors d’un festin des dieux, cela signifiait la fin d’une ère. Il dit encore à Turms qu'il se reconnaissait comme immortel après avoir participé au festin des dieux et peut-être étaient-ils les derniers lucumons. Turms lui répondit – « la terre est ma mère. Le ciel est mon père. Le soleil est mon frère, la lune est ma sœur. Je me reconnais pour qui je suis, né lucumon parmi les humains. Je suis Turms immortel. Je reconnais que je suis revenu et que je reviendrais de nouveau. Mais pourquoi, je l’ignore encore »[33]. Ils ouvrirent les rideaux et Turms sortit nu et baisa le sol tandis que le soleil vint l’embraser de ses rayons. L’assemblée s’écria – « Le Lucumon, le lucumon est venu », puis il fut couvert du manteau sacré de lucumon.

Hanna qui est vivante et son mari viennent lui présenter son fils

L’histoire se termine pour Turms qui avait égrené toutes les pierres de sa vie, les unes après les autres, en souhaitant se rappeler les événements passés. Il permit au conseil de sa cité de décider des lois qui devaient protéger le faible contre le fort. Mais, il lui restait une culpabilité et il pria, en espérant qu’il n’était rien arrivé à Hanna et à son enfant. Deux visiteurs imprévus se présentèrent à lui et il les reçut. C’étaient Hanna et son mari qui venaient le voir pour lui présenter son fils. Hanna lui dit qu’elle avait pu sauter du bateau près de la côte de la ville grecque de Poseidonia où elle fut ensuite recueillie et protégée par celui qui devint son mari et qui l’aida à élever son fils. Tous deux avaient une requête à lui présenter et ils lui demandèrent s’il voulait garder son fils avec lui comme lucumon, ou bien près d’eux car l'enfant les considérait comme ses parents. Turms sortit pour voir l’enfant. Il vit un jeune garçon aux cheveux bouclés qui jouait si bien du pipeau près du marché qu’une foule l’entourait. Il grava les traits du garçon dans son cœur et reconnu le garçon pour leur fils.

Turms qui est roi et lucumon, à la fin de sa vie aspire à mourir et il est emporté par son esprit tutélaire

Ensuite, après avoir régné comme lucumon sur sa cité, il se sentit las de la prison de son corps. Il se sentit proche de la mort. Il ferma les rideaux, appela le dieu et bu le vin de l’immortalité, avec le gâteau de seigle à la saveur de la vie – « Alors les dieux pourront venir. Mais je les attends moins que j'attends mon esprit tutélaire. Corps de lumière. Corps de feu, elle étendra sur moi ses ailes et baisera l’haleine de ma bouche. À cet instant, elle murmurera enfin son nom au creux de mon oreille et je le reconnaîtrai. C’est pour cela que je sais que je mourrai heureux »[34], et - « Ses ailes puissantes m’emporteront vers l’immortalité. Là, j’aurai droit au repos et à l’oubli. L’oubli béni, cent fois béni, cent peut-être, ou mille que m’importe. Puis un jour, moi, Turms, l’immortel, je reviendrais »[35].

 

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Etruscan » (voir la liste des auteurs).
  1. (fi) Mika Waltari (trad. du finnois), Turms Kuolematon, Helsinki, WSOY, , 681 p. (ISBN 2-02-006687-4 et 2-85565-142-5, lire en ligne).
  2. Mika Waltari (trad. du finnois), L’Étrusque : roman, Paris, Olivier Orban, coll. « Les romans dans l'histoire », , 512 p. (ISBN 2-85565-142-5).
  3. Mika Waltari, L’Étrusque : roman, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », , 512 p. (ISBN 978-2-02-006687-7).
  4. Mika Waltari, L’Étrusque : roman, Paris, Le jardin des Livres, , 494 p. (ISBN 978-2-914569-91-0).
  5. « À travers l’Europe »
  6. a et b Mika Waltari 1984, p. 14.
  7. a et b Mika Waltari – biographie d’un génie littéraire, publié en par Nicolas Benard, sur le site finland.fi (consulté le 13 juin 2019)
  8. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, publié sur le site du Musée du Louvre (consulté le 13 juin 2019)
  9. a et b (it) Mika Waltari – il famoso scrittore finlandese, publié le sur le site mikawaltariseura.fi (consulté le 13 juin 2019)
  10. Panu Rajala (BNF 12054974) (consulté le 13 juin 2019)
  11. a et b (fi) Panu Rajalan kotisivut - Kirjoituksia 2005 (Etruskien jäljillä, traduit par : Le sentier étrusque), publié le sur le site saunalahti.fi (consulté le 13 juin 2019)
  12. Mika Waltari 1984, p. 66.
  13. Mika Waltari 1984, p. 128.
  14. Mika Waltari 1984, p. 137.
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  16. Mika Waltari 1984, p. 234.
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  18. a b et c Mika Waltari 1984, p. 330.
  19. Mika Waltari 1984, p. 335.
  20. Mika Waltari 1984, p. 337.
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  28. Mika Waltari et 1984 p.454.
  29. Mika Waltari et 1984 p.464.
  30. Mika Waltari et 1984 p.469.
  31. Mika Waltari et 1984 p.471.
  32. Mika Waltari et 1984 p.499.
  33. Mika Waltari et 1984 p.506.
  34. Mika Waltari et 1984 p.509.
  35. Mika Waltari et 1984 p.510.

Voir aussi

Articles connexes

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